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Parutions récentes

Cette rubrique, fréquemment remise à jour, permettra de faire connaître des ouvrages récemment parus dans le champ de la créolistique. Certains de ces ouvrages pourront donner lieu à des comptes rendus plus détaillés sur ce site. Mais cette rubrique permettra de faire circuler l'information avant même que des comptes rendus ne soient rédigés. N'hésitez pas à nous signaler et à nous envoyer des ouvrages que vous souhaitez voir répertorier ici.

Adresse pour envoyer les ouvrages : Revue Creolica, à l'attention de M.C. Hazaël-Massieux, Equipe "Créoles", Laboratoire Parole et Langage, Université de Provence, 29 avenue R. Schuman, 13621 - Aix-en-Provence Cedex, France.

Parutions 2007

Karin Speedy, 2007 : Colons, Créoles et Coolies. L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis, Collection "Lettres du Pacifique", Paris, L’Harmattan, 218 p.

L’étude du contact entre les langues et les cultures du Pacifique est une aventure passsionante : elle permet d’apporter des observations intéressantes et parfois aussi des réponses pertinentes aux questions universelles que se pose l’humanité dans les domaines de l’origine des langues, de l’émergence de communautés et de cultures nouvelles, notamment en ce qui concerne la formation de créoles et l’hybridation linguistique. L’Atlas of Intercultural Communication in the Pacific, Asia, and the Americas, Mouton de Gruyter, Berlin, 1996 édité par Peter Mühlhäusler et alii avait ouvert la voie dans cette perspective dynamique sur les effets de contacts entre langues et cultures dans cette région.

Dans son livre récent basé sur un travail de recherche d’une envergure impressionannte étayé par plusieurs années d’efforts, Karin Speedy apporte elle aussi ce type de vision dynamisante, en se centrant sur l’environnement sociohistorique du Sud calédonien pendant la deuxième moitié du 19ème siècle. Des générations de chercheurs (linguistes et historiens confondus) ont omis de considérer à sa juste valeur l’apport des petits blancs en provenance de La Réunion à la culture calédonienne. J’avoue avoir moi-même été omnibulée par l’importance que prenaient les grands propriétaires terriens en provenance de cette île ainsi que par la mauvaise presse (cependant bien abondante) décrivant les comportement des Malabars arrivés de la même origine. Dans un travail d’archives méticuleux, Karin Speedy a su souligner ici l’importance démographique et sociale des petits blancs et ainsi démontrer la probabilité d’un contact plus intense entre eux et les habitants de Saint-Louis que celui que j’avais décrit dans ma thèse publiée en 1993 (Sabine Ehrhart 1993: Le créole français de St-Louis (le tayo) en Nouvelle- Calédonie, Kreolische Bibliothek, Buske, Hamburg).

L’introduction élogieuse de Bernard Brou qui met en relief l’apport nouveau à l’histoire calédonienne donné par cette jeune chercheuse d’origine néozélandaise (et élève de Chris Corne) est donc tout à fait justifiée.

Les chapitres suivants énumèrent les vagues d’arrivée de colons en Nouvelle-Calédonie. Malheureusement, la présentation sous une forme de mise en page quelque peu mouvementée ne facilite pas la lecture en continu de cette information très dense. Les listes des noms données entre les pages 95 et 110 constituent pour moi l’un des points forts de la publication. C'est Karin Speedy qui les a ainsi rassemblées, et le message qui se dégage est bien clair : il y a eu de nombreuses familles en provenance de La Réunion et particulèrement dans le Sud calédonien ; au niveau des patronymes, cet héritage reste encore vivant de nos jours. Le lecteur aurait peut-être parfois souhaité une prise de position plus décidée de l’auteur : elle donne une large place aux citations qui montrent des points de vue relativement opposés dans le monde de la recherche sans toujours parvenir à un point de vue plus indépendant auquel la quantité d’informations nouvelles et intéressantes dont elle dispose la prédestinaient.

Pour ma part, la lecture de ce livre m’a fortement stimulée : premièrement pour revoir mes connaissances sur l’histoire socioculturelle de la Nouvelle-Calédonie et deuxièmement pour continuer mes réflexions sur la genèse des créoles.

J’aurais envie de prolonger ce livre de quelques chapitres en posant les questions suivantes :

De quelle manière pourrions-nous inclure les témoignages de la tradition orale du Sud calédonien toujours vivante parmi les habitants (en prenant toutes la précautions possibles) ? Comment pondérer un tel apport en face des informations recueillies dans les archives ? Serait-il possible de faire une recherche sur le terrain afin d’approfondir les propos énoncés sur la base d’écrits (produits par les Européens notamment) ?

Comment représenter de manière synthétique les différents apports culturels et linguistiques de tous les habitants du Sud en reliant de manière lucide les points de vue respectifs de chaque groupe humain ?

De quelle manière devons-nous nous imaginer la fusion entre certains traits culturels et linguistiques lors d’une rencontre entre des représentants de cultures et de langues différentes ? Et plus précisément : jusqu’à quel moment des traits typiques du créole réunionnais ont-ils pu être singularisés dans la masse des énoncés et à partir de quelle date se sont-ils "noyés" dans le français calédonien ?

Comment inventer de nouveaux modèles pour expliquer la genèse de créoles et l’émergence des langues en se basant sur une observation méticuleuse des matrices sociales et sociolinguistiques qui ont formé les différents groupes culturels ?

Jusqu’à quel point les théories de contact linguistique développées dans un contexte culturel spécifique peuvent-elles être transférées dans une autre région du monde ?

Et finalement, les indications tout à fait intéressantes concernant le lien entre la créolistique et l’étude de l’appropriation (acquisition et/ou apprentissage) des langues qui sont évoquées brièvement dans Colons, Créoles et Coolies donnent envie de développer davantage cette problématique. Dans quel contexte sociohistorique une variante L 2 d’une langue-cible du passé peut-elle devenir la norme d’une nouvelle communauté ? Les théories de Ph. Baker et de R. Chaudenson ont besoin d’être réactualisées en prenant en compte de nouvelles données recueillies sur le terrain et aux archives.

Je me réjouis de pourvoir continuer l’échange universitaire et amical avec Karin Speedy et mes autres collègues chercheurs sur toutes ces questions.

Sabine Ehrhart,
Université du Luxembourg, novembre 2007

Parutions 2006

Présences haïtiennes, textes réunis et présentés par Sylvie Bouffartigue, Christiane Chaulet Achour, Dominique Fattier et Françoise Moulin Civil, Université de Cergy-Pontoise, Centre de Recherche Textes et Francophonies, Civilisations et Identités Culturelles comparées, 2006, 456 p.

Une bonne présentation de l'ouvrage est donnée dans Fabula : nous y renvoyons le lecteur avec l'aimable autorisation de la revue.

Ingo Plag, ed. : Phonology and Morphology of Creole Languages, Niemeyer, "Linguistische Arbeiten", Band 478 [98,00 €]

Paru fin 2003, cet ouvrage essentiel mérite une présentation, même deux ans plus tard. Si l'édition en est attribuée prioritairement à Ingo Plag, elle est de fait le fruit de la collaboration de Hans Altmann, Peter Blumenthal, Hans Jürgen Heringer, Ingo Plag, Beatrice Primus et Richard Wiese. Ce volume, rédigé entièrement en anglais, comporte cinq sections :

Dans ces cinq sections se répartissent les travaux de nombreux créolistes : Christian Uffmann ("Markedness, faithfulness and creolization : The retention of the unmarked"), Albert Valdman et Iskra Iskrova ("A new look at nasalization in Haitian Creole"), Emmanuel Nikiema and parth Bhatt ("Two types of R deletion in Haitian Creole"), Sabine Lappe and Ingo Plag ("Rules vs. Analogy : Modeling variation in word-final epenthesis in Sranan"), Norval Smith ("New evidence from the past : To epenthesize or not to epenthesize ? That is the question"), Emmaneuel Schang ("Syllabic structure and creolization in Saotomense"), Anne-Marie Brousseau ("The accentual system of Haitian Creole : The role of transfer and markedness values"), David Sutcliffe ("African American English suprasemgentals : A study of pitch patterns in the Black English of the United States"), Winford James ("The role of tone and rhyme structure in the organisation of grammatical morphemes in Tobagonian"), Shelome Gooden ("Prosodic contrast in Jamaican Creole reduplication"), Thomas B. Klein ("Syllable structure and lexical markedness in creole morphophonology : Determiner allomorphy in Haitian and elsewhere"), Margot van den Berg ("Early 18th century Sranan -man"), Patrick Steinkrüger ("Morphological processes of word formation in Chabacano (Philippine Spanish Creole)"), Nicholas Faraclas ("The -pela suffix in Tok Pisin and the notion of 'simplicity' in pidgin and creole languages : What happens to morphology under contact ?"), Tonjes Veenstra ("What verbal morphology can tell us about creole genesis : the case of French-related creoles"), Marlyse Baptista ("Inflectional plural marking in pidgins and creoles : A comparative study"), Alain Kihm ("Inflectional categories in creole languages"). On ne s'étonnera pas de voir attribuer une place de choix à l'haïtien, l'un des créoles les mieux documentés à l'heure actuelle, mais les créoles portugais et anglais n'y sont pas négligés ; la question de la marque et du "marquage" - si l'on peut risquer ce néologisme - sont au coeur du volume, en relation avec la question toujours si discutée de leur genèse.

Nicolas Quint, 2005 : Le créole capverdien de poche,Assimil évasion, 205 p.

Dans la collection des "Assimil Evasion", avec ses "créoles de poche", vient de paraître Le créole capverdien de poche, par Nicolas Quint. La collection Assimil Evasion compte maintenant plus de 80 langues, et pour le créole on citera les approches du mauricien, de l'haïtien, du martiniquais, du guadeloupéen... Ces petits guides de conversation ont pour ambition d'aider celui qui débarque dans le pays et veut découvrir un peu la culture et la langue.

Pour le capverdien, la question est bien sûr délicate car la République du Cap-Vert compte dix îles, et que l'on ne parle pas la même variété de créole partout. Ici c'est le créole santiagais qui est présenté : on comprend que pour un petit ouvrage d'introduction, il n'était pas possible de faire autrement. L'auteur avoue d'ailleurs que cette variété n'est parlée que par la moitié de la population... mais comprise par un plus grand nombre.

Quoi qu'il en soit, et comme pour tous les ouvrages de cette collection, on peut apprécier l'introduction proposée, qui, en offrant un condensé de grammaire, des éléments pour la conversation, des informations sûres sur les coutumes locales, un petit lexique (cap-verdien-français, et français-capverdien), ainsi que de l'humour avec quelques illustrations plaisantes, est bien utile pour le touriste. Nicolas Quint, chargé de recherches en linguistique africaine au CNRS s'est bien tiré de cette gageure. On découvre tout au long de ce petit ouvrage de 205 pages (incluant les pages où le lecteur peut noter ses propres découvertes), après des éléments de grammaire, des expressions et phrases toutes prêtes pour mener la conversion : au-delà des formules de base (formules de politesse, notamment), le lecteur saura se présenter, parler de sa famille, évoquer le jour et l'heure, parler de l'environnement et de la nature, chercher un hébergement et circuler au Cap-Vert (tant à la ville qu'à la campagne ou au bord de la mer), en demandant son chemin, en faisant ses courses... Comme toujours un place relativement importante est laissée à la nourriture (occupation appréciée du touristes), ainsi qu'aux vêtements, aux questions d'argent, de poste et communication, sans négliger le corps, la santé et l'hygiène, les distractions, la religion, l'amour et l'amitié ! Une petite bibliographie et discographie nous rappelle notamment l'importance de Cesaria Evora - qui elle, s'exprime dans le créole de Saint-vincent (Nord de l'archipel).

Ce guide est une première introduction, mais on peut le recommander à tout touriste se rendant au Cap-Vert, en concluant comme le suggère Nicolas Quint : "Kiriolu é lingua mas bunitu di mundu !" (le créole [capverdien] est la plus belle langue du monde !)

Parutions 2005

Hazaël-Massieux, Marie-Christine & Bertrand, Michel, sous la direction de, 2005 : Langue et identité narrative dans les littératures de l’ailleurs. Antilles, Réunion, Québec, Publications de l’Université de Provence, coll. "Langues et langage", 196 p.

Comme l’illustre déjà son titre, il s’agit d’un ouvrage véritablement interdisciplinaire auquel ont participé des chercheurs aussi bien littéraires que linguistes de différentes universités américaines (Québec, USA) et européennes (France) s’intéressant à la littérature francophone. Les auteurs des ouvrages analysés, Chamoiseau, Franketienne et Tremblay pour n’en citer que quelques-uns, sont originaires de différentes zones géographiques. Cet « ailleurs » se reflète très largement dans leurs choix linguistiques directement liés aux réalités orales des variétés de français ou même de créole en usage dans ces aires. Le thème commun des contributions est justement cette langue particulière des littératures antillaise, québecoise et réunionnaise, langue à laquelle les auteurs attachent une importance toute particulière. C’est plus précisément la question du « dialogue » et de la « narration » qui était, au départ, au cœur d’un colloque qui s’est tenu en 2003 à l’Université de Provence. D’abord présentés dans le cadre de ce colloque, les textes retenus dans le présent ouvrage montrent une importante unité fondamentale autour de la question de l’identité narrative.

Les éditeurs scientifiques de l’ouvrage ont réuni des contributions de Stéphanie Bérard, Michel Bertrand, Dominique Chancé, Mathilde Dargnat, Lise Gauvin, Marie-Christine Hazaël-Massieux, Deborah Jenson, et Rafaël Lucas. Tous les participants ont adhéré à une idée de base, indispensable dans toute approche interdisciplinaire : renoncer au maximum à la terminologie propre à sa propre spécialité et l’expliquer là où elle est fondamentale.

Ainsi, le lecteur découvrira un ensemble de textes très intéressants et lisibles, non seulement pour des spécialistes des domaines concernés mais aussi pour un public cultivé plus large.

Parutions 2004

Schnepel, Ellen M., 2004 : In Search of a National Identity : Creole and Politics in Guadeloupe, Hamburg, Helmut Buske Verlag, "Kreolische Bibliothek", Band 19, 294 p.

Faisant en quelque sorte suite à la thèse de l'auteur (soutenue en 1990), qui a été largement complétée et remaniée pour cette publication (les enquêtes principales dataient des années 1984-86), cet ouvrage met en valeur les travaux d'Ellen Schnepel selon divers chapitres présentant clairement la situation du créole en Guadeloupe, les aspects paradoxaux de son maintien et/ou développement, et très précisément l'analyse de l'expérience dite de "Capesterre-Belle-Eau", l'une des communes de Guadeloupe où un enseignement du créole a été tenté assez tôt, malgré les difficultés liées notamment l'hostilité d'une partie de la population dont le point de vue, dans les années quatre-vingt, peut souvent être résumé ainsi : "Le créole malheureusement fait peur car il est systématiquement associé à la politique". (cité par Ellen Schnepel, p. 124).

Après avoir examiné le contexte politique de l'île (la Guadeloupe étant notamment un "Département d'Outre-Mer") mais aussi après avoir donné un bref historique du créole pour situer les enjeux de son enseignement, Ellen Schnepel va se centrer sur "le mouvement créole", la description des diférents groupes de pression, et finalement conclure, à partir des années quatre-vingt, à l'accaparement de la cause créole par les "Nationalistes" - ce qui va entraîner une confusion entre défense du créole et défense de la nation guadeloupéenne. Cette équation politique va provoquer le rejet simultané de l'un et de l'autre par une partie importante de la population, globalement très hostile à une autonomie politique de l'île, le créole devenant ainsi aux yeux de beaucoup l'instrument d'une indépendance refusée.

L'expérience de Capesterre, avec l'introduction officielle du créole au collège, les problèmes alors rencontrés, tant en raison des questions posées certes par la variation importante inhérente à une langue orale non standardisée, mais surtout par le statut et la dévalorisation du créole qui sont mis en avant (on reproche à ceux qui essayent de développer l'enseignement du créole d'être eux-mêmes "à l'abri", car leurs enfants parlent français et poursuivent des études en France) sont l'occasion pour E. Schnepel de livrer les résultats des nombreuses enquêtes qu'elle a menées. Les conflits générés par cette expérience, relayés dans la presse, vont être l'objet d'une analyse systématique. L'auteur, ainsi, va décrire les politiques des différents partis et des différents groupes en ce qui concerne le créole ("The spectrum of Party Positions on Creole", pp. 200 et suivantes), pour conclure sur la question de l'identité, alors même que les tendances politiques affichées oscillent entre "balcanisation" et rêves d'un "pan-créole". L'ambivalence est encore explicitée par le rappel d'une citation de Glissant : "Soulignons que c'est au moment où le créole est le plus menacé en tant qu'outil social qu'il trouve le plus de défenseurs triomphalistes pour crier sa vitalité, ceci étant peut-être la conséquence (mais aveugle) de cela. Une défense réelle de la langue créole passe par l'élucidation globale des causes de l'agression portée contre elle, non par une pratique folklorique" (Glissant, 1981, Le discours antillais, p. 174) - phrase qui a également été placée en exergue de l'ouvrage par E. Schnepel.

Pour un compte rendu plus complet par Sabine Ehrhart

Parutions 2003

Elis Juliana, 2003 : Haiku in Papiamentu/Un Mushi di haiku, avec une traduction en anglais d'Hélène Garrett, The University of Alberta Press, 66 pages.

Ce petit recueil, est le fruit de la collaboration d'Elis Juliana et d'Hélène Garrett. L'auteur de ces "haiku" est Elis Juliana, né EN 1927 à Curaçao ; il a publié des dizaines de recueils de poèmes et de nouvelles, ainsi que de la littérature pour enfants en papiamento ; la traductrice, Hélène Garrett, elle-même née à Willemstad, Curaçao ; elle prépare une thèse à l'Université d'Alberta, Edmonton. L'ouvrage est publié par "The University of Alberta Press, 2003. La parution de ce livre de poésie constitue un moment important dans l'histoire du papiamento. Pour toute information on peut contacter Cathie Crooks à l'Université d'Alberta. Prix : CDN$ 19.95.

Sibylle Kriegel, éd., 2003 :Grammaticalisation et réanalyse. Approches de la variation créole et française, CNRS-Editions, coll. CNRS Langage, 372 p. ISBN : 2 271-06152-0 ; ISSN : 1257-9068 [40 €]

L'ouvrage collectif dirigé par Sibylle Kriegel qui vient de paraître à CNRS-Editions, est le fruit de la collaboration de plusieurs chercheurs dans le cadre

Cet ouvrage de 372 pages, comporte trois parties, organisées en 16 chapitres, chacun d'entre eux ayant été confié à un chercheur, l'ensemble ayant été coordonné par Sibylle Kriegel.

On peut ainsi lire :

Le tout est accompagné d'une superbe bibliographie !

De fait, dans cet ouvrage il s'agit, en alliant réflexion théorique et études de cas portant sur des créoles à base française de l'océan Indien et de la Caraïbe, de proposer une interprétation multicausale du changement linguistique. Des études portant sur des langues créoles à base ibérique et anglaise ainsi que des analyses de variétés non standard du français d'Amérique du Nord permettent des comparaisons. L'ouvrage contribue ainsi au développement de nouvelles hypothèses concernant l'appartenance génétique et typologique des langues créoles.

Nicolas Quint, 2003 : "Parlons capverdien", Paris, L'Harmattan, 300 pages, ISBN: 2-7475-3763-3. [Ouvrage préparé avec la collaboration de Aires Semedo (consultant pour la langue capverdienne).]

La quatrième de couverture de Parlons capverdien nous indique que "Le capverdien (ou créole du Cap-Vert) est la langue maternelle de la chanteuse Cesária Évora et de plus d'un million de personnes dans le monde, dont au moins cinquante mille vivent en France métropolitaine. Cet ouvrage, le premier du genre en langue française, fournit un accès privilégié et méthodique à l'idiome du Cap-Vert et à la culture qu'il véhicule.

Une suite de vingt-trois leçons de difficulté croissante permet d'acquérir progressivement les bases du capverdien moderne à partir du dialecte santiagais (parlé par la majorité de la population) et avec des ouvertures sur les autres variétés régionales. Des exercices corrigés, des notes de civilisation, des mémentos grammaticaux, des lexiques capverdien-français et français-capverdien ainsi que trois index viennent compléter l'ouvrage, qui permettra à toute personne intéressée de se doter d'un bagage solide sur la langue et la culture capverdiennes contemporaines.

Parlons capverdien s'adresse aux lecteurs de langue française désireux d'apprendre le créole, mais il pourra aussi être utilisé avec profit par les Capverdiens d'origine ou de naissance vivant en pays francophone et n'ayant qu'une connaissance orale de leur langue. Enfin, les lexiques et les notions de civilisation pourront constituer une première étape pour les simples curieux ou les voyageurs pressés, désireux de savoir quelque chose de la culture capverdienne sans avoir à trop s'investir."

Angela Bartens : A Contrastive Grammar Islander-Caribbean Standard English-Spanish, 2003, The Finnish Academy of Science and Letters, ISBN 1239-6982

L'Islander est un créole à base anglaise parlé dans les îles caraïbes de San Andrés et de Providence. Dans son nouveau livre paru à la Finnish Academy of Science and Letters, Angela Bartens présente non seulement une description grammaticale de cette langue mais elle la met en contraste avec deux autres langues, à savoir l'anglais standard des Caraïbes et l'espagnol. Cette approche contrastive concernant trois langues au total est motivée par les besoins de la communauté des locuteurs de l'Islander, notamment en matière d'éducation.

La majeure partie du livre est consacrée à l'analyse des différents domaines de la grammaire de l'Islander (partie I : Word classes and phrases, partie II : The sentence) mais il contient aussi une introduction théorique sur la grammaire contrastive et la linguistique comparative en général, une brève présentation du système phonétique et graphématique ainsi qu'une étude concernant les africanismes dans le lexique de l'Islander.

Parutions 2002

Mendes, Mafalda, Quint, Nicolas, Fátima Ragageles, Fátima & Semedo, Aires, 2002 : Dicionário Prático Português-Caboverdiano (Disionári purtugés-berdiánu ku splikasom di uzu di kada palábra), Editora Verbalis [Verbalis R. Edison, nº 7, 1º Dto 1000-142 LISBOA ; tel.: 218 464912 ; fax: 218 479261 ; Verbalis@kqnet.pt ; http://home.kqnet.pt/vcl], Co-edição Tenacitas, 485 p. [PVP: € 30]

É com muita satisfação que a Verbalis apresenta o Dicionário Prático Português- Caboverdiano (Variante de Santiago), uma obra de referência para as comunidades linguísticas caboverdiana e portuguesa, em especial para os estudantes e os professores de língua portuguesa em contexto bilingue português/caboverdiano.

A primeira obra a descrever de modo sistemático, por contraste com a língua caboverdiana, um léxico nuclear do português, essencial às aprendizagens escolares.

Como é sabido, a comunidade caboverdiana em Portugal conta actualmente com cerca de 100 000 indivíduos, grande parte deles portadora da dupla nacionalidade portuguesa e caboverdiana. Apesar da antiguidade desta comunidade no território nacional, as sucessivas gerações têm mantido a sua identidade cultural e linguística. A língua caboverdiana, ou crioulo, como mais vulgarmente é designada, tem sobrevivido enquanto língua oral de comunicação, mas nem sempre da forma mais harmoniosa no que diz respeito à convivência com a língua portuguesa. Não são de hoje as vozes que, de dentro do sistema escolar, alertam para as dificuldades de comunicação com as crianças de língua materna caboverdiana e para as dificuldades que muitas destas crianças evidenciam na aquisição e no domínio da língua portuguesa e, consequentemente, nas restantes aprendizagens escolares.

Ciente da carência de materiais didácticos e de referência linguística de apoio à aprendizagem da língua portuguesa como língua segunda, a Verbalis lança hoje este novo dicionário , complemento do Dicionário Caboverdiano-Português, Variante de Santiago, publicado pela nossa equipa em 1998. Esta obra insere-se num projecto de trabalho de desenvolvimento e edição de materiais de referência bilingue propiciadores de estados de convivência equilibrada e regrada entre as várias línguas de comunicação da sociedade portuguesa actual.

Principais Características Lexicográficas

4085 vocábulos do português básico

O dicionário reúne 4085 palavras representativas do vocabulário mais frequente do português. Este conjunto de palavras corresponde ao vocabulário do Português Fundamental e a cerca de 1000 vocábulos provenientes das bases de dados da Verbalis subjacentes ao Dicionário Caboverdiano-Português.

4024 unidades fraseológicas

Às 4085 palavras de entrada estão associadas 4024 unidades fraseológicas, grupos de palavras de ocorrência frequente na língua, de configuração mais ou menos fixa e de sentido idiomático ou não, como tremor de terra, carne mal passada, dar uma volta, fazer parte de algo, pôr o dedo na ferida, bom dia, por causa de, uma vez que, em conclusão, velhos são os trapos, por exemplo.

11883 sentidos diferenciados

A polissemia lexical foi tida em conta no elaborar do dicionário. Assim, ao total das palavras de entrada e das unidades fraseológicas correspondem perto de 12000 sentidos diferenciados. Por exemplo, para a palavra banco são diferenciados dois sentidos: 1. o de peça de mobiliário, 2. o de instituição bancária.

16257 traduções para caboverdiano

Para os 11883 sentidos diferenciados, são apresentadas 16257 propostas de tradução para caboverdiano, na variante de Santiago, com as quais se pretende dar uma tradução correcta, clara e corrente dos universos de referência das entradas lexicais em português.

9308 frases ilustrativas traduzidas para caboverdiano

As palavras e as unidades fraseológicas do dicionário foram enriquecidas com frases exemplificativas do seu uso sempre que se sentiu necessidade de diferenciar os vários sentidos que podem denotar, ilustrar os padrões sintácticos a elas associados, ou clarificar conceitos para os quais não conhecemos equivalências directas em caboverdiano.

Transcrição fonética para os vocábulos de entrada

Todas as palavras de entrada do dicionário são seguidas da respectiva transcrição fonética, para que seja possível conhecer a sua pronúncia sem que haja necessidade de recorrer ao testemunho de um falante.

Outras Características

Apontamentos de gramática do português

Em anexo ao texto do dicionário, o consulente poderá encontrar uma breve descrição de alguns aspectos da gramática do português - em especial na área da morfo-sintaxe - essenciais à plena compreensão do trabalho lexicográfico efectuado, com relevo para as rubricas que nos pareceram susceptíveis de causar maiores dificuldades aos falantes de língua materna caboverdiana.

Índice de sinónimos e antónimos

O dicionário inclui um índice dos 1783 vocábulos que foram dados como sinónimos ou antónimos de alguma palavra ou unidade fraseológica, mas que não fazem parte da lista de entradas do dicionário. Cada um dos vocábulos que constam deste índice tem remissão para a(s) entrada(s) em que foi averbado.

A partir destas relações de sinonímia e de antonímia, alarga-se o leque de pesquisa lexical no dicionário.

Glossário bilingue de fauna e flora

É uma pequena lista de nomes vulgares portugueses de animais e de plantas do arquipélago de Cabo Verde, com o respectivo equivalente caboverdiano.

Glossário bilingue de topónimos portugueses e caboverdianos

Este glossário regista uma proposta de grafia em caboverdiano para alguns dos topónimos mais importantes ou conhecidos de Portugal e de Cabo Verde.

Glossário bilingue de unidades de medida

O dicionário inclui uma proposta terminológica e de grafia em caboverdiano para as unidades de medida mais correntes.

Baptista, Marlyse, 2002 : The syntax of Cape Verdean Creole. The Sotavento Varieties, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, 288 p. + un CD Rom.

[Cet ouvrage constitue une révision de la thèse de Ph.D de Marlyse Baptista. L'auteur précise qu'elle s'en tient là aux variétés "Sotavento" (îles "sous-le-vent" qui sont au Sud de l'Archipel) qui se distinguent des variétés Barlavento aussi bien par leurs caractéristiques phonétiques que syntaxiques ou lexicales, ainsi que par des traits en discours. Mais il existe diverses variétés dans les îles sous-le-vent - ce qui fait que cet ouvrage représente de ce point de vue une véritable somme.]

Etudes Créoles, vol. 25 n° 1 (L'Harmattan, 2002)

[Magnifiquement coordonné par Albert Valdman, ce numéro d'Etudes Créoles propose un point concernant les théories de la créolisation, différents points de vue étant ici présentés qui sont l'occasion de définitions et de synthèses théoriques. Ce numéro souligne également l'ampleur des tâches à poursuivre pour mieux cerner les scénarios possibles dans les divers mondes créoles en ce qui concerne la genèse des langues.]

Mauvois, Georges et Grangenois, Marie-Denise, 2002 : Ti zétwel. Contes, fables, poésie… en créole. Textes d'ici et du monde entier, s.l. s.n., 289 p.

[Sélection de textes qui comporte à la fois des textes déjà écrits en créole, notamment des contes, des fables, mais aussi des traductions de textes français tirés principalement de la littérature des mondes créoles : ainsi on a des textes de Césaire, de Chamoiseau, de Laferrière, de Joseph Zobel traduits en créole, ou encore du Maupassant. Les auteurs du recueil ont le plus souvent entrepris de "normaliser" les textes à partir du système graphique proposé par le GEREC].

Díaz, Norma, Ludwig, Ralph et Pfänder, Stefan, eds, 2002 : La Romania americana. Procesos lingüísticos en situaciones de contacto, Madrid / Frankfurt-am-Main, IberoamericanaVervuert, coll. "Lengua y Sociedad en el Mundo Hispanico", 446 p.

Cet ouvrage donne un panorama du contact linguistique dans le monde hispanique américain, avec une double perspective :
- d'une part il analyse, dans une perspective tant synchronique que diachronique, une sélection de situations de contacts ; les études portent tout particulièrement sur des zones linguistiques d'Amérique du Sud et de la Caraïbe). Sont analysés aussi bien les contacts entre langues de différents types et de différentes familles qu'entre variétés d'une même langue. De la sorte il est question des contacts des langues romanes avec les langues amérindiennes, africaines et créoles.
- d'autre part sont explorés quelques concpts théoriques et des paramètres qui se sont révélés utiles pour l'analyse des aires étudiées. On souligne ainsi l'importance d'une étude pluridimensionnelle pour certaines zones où interagissent divers facteurs dans le contact de langues (phénomènes relevant de la cognitique, de la grammaticalisation, de l'acquisition des langues, ou de la communication notamment orale...)

Sommaire

Parutions 2001

Quint, Nicolas, 2001 : Le cap-verdien : origines et devenir d'une langue métisse, Paris, L'Harmattan, 354 pp. ISBN 2-7384-9774-8 [170 FF]

[Cet ouvrage qui s'intéresse à la situation du créole portugais du Cap-Vert (parlé par presque un million de personnes à travers le monde) analyse dans une première partie les origines africaines du cap-verdien en examinant la principale variété, celle de Santiago. Dans une deuxième partie, est proposée une classification des variétés du cap-verdien : l'auteur envisage alors l'existence d'une famille linguistique des créoles ouest-atlantiques à base ibérique incluant le parler de Santiago et des autres variétés cap-verdiennes, le papiamento (parlé dans les îles ABC) et le créole de Guinée-Casamance, et suggère une explication pour rendre compte de la genèse de tous les créoles à base hispano-romane. La troisième partie analyse la situation sociolinguistique actuelle du cap-verdien et en particulier ses relations avec le portugais, la langue officielle de la République du Cap-Vert.

Chancé, Dominique, 2001 : Poétique baroque de la Caraïbe, Karthala.

[Dans cet ouvrage publié dans la collection "Lettres du Sud", l'auteur qui a fait une thèse sur "La représentation de l'auteur antillais", publié sous le titre de L'auteur en souffrance au PUF, 2000, poursuit ses recherches sur la littérature des Caraïbes, au-delà des frontières nationales et linguistiques, puisqu'elle s'intéresse dans Poétique baroque à Alejo Carpentier aussi bien qu'à Edouard Glissant et Daniel Maximin. On peut regretter qu'il n'y ait aucune bibliographie, les références indispensables n'étant mentionnées qu'en notes. L'auteur s'interroge sur le lien entre le thème du baroque qui la retient ici et la mise en question de la loi qui marque les mondes étudiés : dans cette région du monde "la loi s'est sentie comme endeuillée, coupée de son principe, ou pervertie par la dégradation colonialiste de l'autorité, les pères fondateurs manquent, les pères, en général, font défaut". Si le baroque d'Alejo Carpentier est une évidence pour tous ceux qui ont lu telle ou telle des œuvres de l'auteur cubain, il peut sembler un peu plus étonnant, voire paradoxal, d'envisager le baroque chez Maximin ou chez Glissant. Ces auteurs partagent toutefois avec A. Carpentier d'être des auteurs des tropiques foisonnants et tendus entre deux mondes puisqu'ils appartiennent aussi à la France policée. D. Chancé précise même qu'"Ils sont peut-être baroques avec plus de velléité et d'angoisse" que l'auteur hispanophone. "Parler d'une 'poétique baroque du Nouveau Monde ou de la Caraïbe', c'est donc s'interroger sur ce qui rapproche, dans l'écriture et la vision, des auteurs de langues et de nationalités différentes, réunis par une même situation historique et géographique" (p. 7). D. Chancé souligne dans sa conclusion le rapport entre "le baroque et la peur du vide", selon le mot de Carpentier.]

Parutions 2000

Lévy, Joseph J., 2000 : Entre les corps et les dieux. Itinéraires anthropologiques. Entretiens avec Jean Benoist, Québec, Montréal, Liber, 240 p. [ISBN : 2 921569 85 X]

[Passé presque inaperçu du grand public lors de sa parution, cet ouvrage publié chez Liber, dans la collection "De vive voix", mérite d'être signalé et il convient d'attirer l'attention des lecteurs s'intéressant aux mondes créoles sur un livre sans doute trop peu et mal diffusé en France.
On connaît Jean Benoist, médecin et anthropologue, qui a contribué au développement de l'anthropologie au Québec et en France. Pédagogue reconnu, il a formé des générations d'étudiants et aidé à organiser le champ des recherches sur les sociétés créoles (Caraïbes et Océan Indien), le métissage et l'anthropologie médicale. Il est l'auteur de nombreux ouvrages qui balisent les rapports complexes entre la biologie, la société et la culture, plus praticulièrement entre la maladie, les soins et la religion. Ce lien entre santé, thérapie et religieux permet d'éclairer la dynamique des sociétés contemporaines. Dans ces entretiens, menés avec rigueur et passion par Joseph J. Lévy, lui-même anthropologue et professeur à l'Université du Québec à Montréal, se dégagent à la fois une nouvelle vision de l'anthropologie, mais également de la personne de Jean Benoist. Ce texte qui se lit presque comme un roman nous dévoile à la fois les rencontres, les centres d'intérêts, les voyages qui ont ponctué la vie de Jean Benoist, mais également sa personnalité et sa passion de la recherche. Au-delà des problématiques de l'enquête et de l'observation telles que peuvent les développer quelqu'un qui est d'abord un passionné de l'homme et de l'humain, au-delà des thèmes développés qui rendent encore ce livre très attachant, on se réjouira de voir également revivre toute une époque de la recherche en sciences humaines - ce qui donne également à cette lecture un intérêt historique. Organisé en quatre parties (Départ, Premiers itinéraires, Métissages, Entre corps et dieux), cet ouvrage fait revivre des personnages tels que Leroi-Gourhan et beaucoup d'autres (médecins, reporters...) et ouvre des perspectives quant aux relations fructueuses entre médecine, approches religieuses et anthropologie.